Qikiqtarjuaq-Nunavut carnet de voyage

J'y ai vu une communauté inuit perdue dans une immensité blanche au milieu de collines et d'icebergs ancrés dans la banquise, maisonnettes en rangs d'oignon, bâtiments publics flambants neufs, corbeaux virevoltants, fils électriques zébrant le ciel, passants qui déambulent, bons gros chiens en quête d'affection, mômes jouant dans les rues gelées,

présence omniprésente de l'icône de la contrée, l'ours polaire en croquis ou scalpé,

des villageois engagés dans la vie de la communauté, de jeunes filles arborant fièrement pavillon,

des traces de culture inuit comme ces peaux de phoques tendues, futures armes létales contre l'hypothermie,

des artisans bijoutiers sculptant les bois de caribou et défenses de morse, dans un atelier commun aux murs décorés d'outils,

un alphabet inuktitut, un charpentier talentueux perpétuant le savoir paternel,

et des barques de pêche typiques, annonciatrices du redoux estival et du changement d'état des liquides.

Partout, j'ai vu comment la modernité livre bataille aux traditions, la mondialisation frappant même à la porte.

Et aux alentours, une nature époustouflante où de sublimes voire insolents paysages parsèment le tableau d'un monde qui pourrait sembler vierge...

J'ai aussi entendu des histoires de mal être profond, de détresses humaines avérées, témoignages saisissants, d'autres emplis d'humanité tel ce professeur de travaux manuels, un ancien de la communauté m'expliquant qu'en transmettant son savoir, il lui était plus important que ses élèves apprennent de leurs erreurs que de leur réussite initiale, comme si le temps avait ici une valeur différente. Rencontré des aventuriers venus chercher dans ce lieu des fortunes diverses et un sentiment de liberté dans ces espaces infinis.

J'ai goûté de délicieuses palourdes du cru qui s'exportent, de la couenne de morse et des copeaux gelés d'omble arctique, galéré pour repartir avec les défections d'atterrissages, guetté les aurores boréales qui m'ont fait faux bond, été trimbalé jusqu'à l'ivresse derrière des skidoos.

Le froid, l'autre avec qui il a fallu composer ne m'aura pas déplu. Son influence si prégnante sur le milieu y crée un monde si étrange(r) pour un occidental pseudo méditerranéen et si graphique pour un photographe...

Profond respect pour le peuple Inuit, ces nomades ayant vécu des siècles dans des conditions pour moi dantesques, s'employant à présent à trouver un nouvel équilibre après le passage de l'hydre du monde moderne.

jjp, avril 2015

Tous droits réservés sur clichés réalisés au printemps 2015.

Remerciements à l'équipe Takuvik et à tous ceux rencontrés au village pour leur patience, aide et humanité.

Jean-Jacques Pangrazi

auteur-photographe

Nice France

www.eclatsdelumiere.com

Created By
Jean-Jacques Pangrazi
Appreciate
©eclatsdelumiere- jean-jacques pangrazi

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