je Parcourais les noms et mon cœur battait, j'ai compris que c'était vrai.

Auschwitz survolé par un drône

tout Était lÀ, sous mes yeux, je me suis souvenu de ce que disait monsieur goTtlieb.

L'arrivée, une voie ferrée qui s'arrête là, après ça il n'y a rien.

Etaient éliminés dès l'arrivée les enfants au-dessous de quinze ans, les femmes enceintes accompagnées d'enfants et, en général les hommes et les femmes de plus de cinquante ans.

Les dessins de David Olère constituent un témoignage exceptionnel sur ce "travail". L'artiste fut, en effet, membre du Sonderkommando chargé de brûler les cadavres au sortir de la chambre à gaz. Ses dessins constituent un témoignage essentiel.

Les symboles que devaient porter les sélectionnés pour le travail.

Charles Gottlieb a 19 ans quand il descend du train, il fait partie du quart des gens qui survivent au tri, il est tatoué deux fois par erreur, car il est à la fois résistant et juif.

Il séjournera au bloc 14 de août 1944 à janvier 1945

La vie au camp est faite de travail, il travaillera successivement aux carrières de sable et à la construction des routes.

Un groupe de travail, à droite devant les cuisines, des évadés pendus.

Il racontait qu'un de ses pires souvenirs, était d'avoir enterré vivants des déportés.

De septembre 1944 à janvier 1945, les déportés étaient réveillés vers minuit deux à trois fois par semaine, ils devaient sortir et les allemands les comptaient, recomptaient pendant des heures.

Les dortoirs

quand je l'ai entendu Dire qu'il témoignait pour que Ça n'arrive plus jamais, je n'ai pas compris mais maintenant j'ai peur et je dois Continuer son oeuvre. il y a un peu de charles goTtlieb en moi.

Je me souviens...

Je me souviens... Ce froid qui m'a saisie, jusqu'au plus profond de moi-même, au coeur de l'hiver...

Je me souviens... Ces baraquements, tous les mêmes, ces planches qui servaient de lits, l'entassement d'êtres humains que l'on voulait assimiler à des animaux...

Je me souviens... Ces vitrines, l'amoncellement de valises, avec les noms et les adresses de ceux qui croyaient rentrer un jour chez eux, comme après un voyage...

Je me souviens... Les wagons, les trains, les voies ferrées, la fin du voyage, tout le monde descend, et encore vous n'avez rien vu...

Je me souviens... La cascade de cheveux, encore bouclés, tressés, qui allaient devenir des couvertures ou des chemises...

Je me souviens... L'humiliation infligée à ces femmes qui perdaient toute féminité, toute dignité face à des bourreaux avides de les déshumaniser...

Je me souviens... Ces montures de lunettes, ces verres cassés à cause des coups reçus, des bousculades, des corps traînés et piétinés...

Je me souviens... Ces prothèses arrachées alors qu'ils étaient handicapés, déjà diminués, si faibles et si fragiles...

Je me souviens... Ces visages dont je n'oublierai pas le regard hagard, perdu, suppliant, mais digne face à la mort qui allait les happer...

Je me souviens... Ces petits vêtements d'enfants, ces petites chaussures, qui ne devaient plus jamais être portés et que je caressais du regard...

Je me souviens... Ces châles de prière, unique et dernier refuge, affirmation d'une foi inébranlable, fidélité à la parole sacrée...

Je me souviens... Ces corps décharnés, squelettes meurtris, morts-vivants, si peu vivants...

Je me souviens... Une poupée cassée, enfance envolée, à jamais détruite, le seul bien d'une enfant qui perdait tout à la fois...

Je me souviens... Les douches, leur disait-on, vous allez vous rafraîchir après ce voyage éprouvant. L'entassement, les cris, la porte qu'ils condamnent. La douche, le gaz qui les asphyxie, ils suffoquent, ils tombent, ils meurent. Les douches...

Je me souviens... Le mur des condamnés, les potences, les séances d'appel la nuit, interminables, dans le froid mortel de l'hiver polonais, nus dans la nuit infernale...

Je me souviens... Les cris des enfants arrachés à leurs mères, les cris des femmes arrachées à leurs maris, les vieillards sans repères au coeur de la nuit...

Je me souviens... La nuit qui tombe et ma peur qui croît au milieu de ce lieu de mort. Le vertige qui m'étreint, moi qui vais reprendre l'avion dans quelques heures pour retrouver mon confort et ma famille...

Je me souviens de chacune de vos paroles, monsieur Gottlieb, de toutes les étapes de votre récit, de votre voyage, de votre calvaire, de votre courage et de votre détermination à vivre, vivre, et vivre...

Je n'oublierai jamais, monsieur Gottlieb, qu'il nous revient, aujourd hui, à nous la jeune génération, de perpétuer votre parole et votre témoignage, et de faire vivre cette parole...

Merci, monsieur Gottlieb, pour l'exemple que vous nous avez donné, et pour la rage de vivre que vous nous avez insufflée...

À Charles Gottlieb